NISSAN

Durant les années 80, Nissan lance une série de véhicules en production limitée au look rétro. Il y a quatre voitures, la Pao, la Figaro, la Be‑1 et la S‑Cargo.

Toute les quatre sont conçues sur la plateforme de la Micra (K10) et sont réalisées par la PIKE Factory, spécialement créée en ce sens par Nissan chez Takada Kogyo, à Yokohama. Elles ne sont destinées qu'au marché domestique japonais. Du fait du nombre restreint d'exemplaires, elles deviennent vite des objets de collection, voir de culte, et certaines exportations non-officielles ont lieu, notamment vers le Royaume Uni, volant à droite uniquement oblige.

Nissan Be-1

La première de ces « retro styled cars » est présentée en tant que prototype au salon de Tokyo de 1985 afin de tester la réaction du public. C'est la Be‑1 dessinée par Naoki Sakai, avec la collaboration de Yoshiro Kobata, une petite citadine économique à qui il suffit de 4,4 m de diamètre de braquage. L'engouement de visiteurs salon convainc Nissan de la fabriquer en petite série. Produite en 1987 et 1988, elle utilise le moteur de 987 cm³ développant 52 ch et 75 Nm. Une boîte automatique à 3 rapports ou manuelle 5 vitesses sont à choix. En plus de la transmission, il est également possible d'opter pour un toit ouvrant électrique en toile (canvas-top). Quatre couleurs sont disponibles, jaune citrouille, rouge tomate, bleu hortensia ou blanc oignon.

Nissan ouvre un « Be‑1 shop » à Minami-Aoyama permettant au public de découvrir l'auto. La boutique propose des produits dérivés et organise des événements.

Il est décidé de produire 10 000 exemplaires vendus entre 1 300 000 et 1 450 000 yens, le carnet de commande est rempli en moins de deux mois. La demande est telle que les premiers modèles se revendent jusqu'à deux fois plus chers sur le marché de l'occasion.

Nissan Pao

Au salon de 1987, c'est la Pao qui est dévoilée. Elle n'est disponible que sur réservation et les ventes débutent le 15 janvier 1989. Le 14 avril les 10 000 exemplaires sont vendus. Les caractéristiques sont identiques à la Be-1. Sa ligne est signée Naoki Sakai et Shoji Takahashi. Un exemplaire est exposé au Musée d'Art Moderne de New York.

Tout est fait pour toucher les nostalgiques des années 50, époque des premières petites voitures personnelles japonaises, comme la Suzulight, la Mitsubishi 500, la Subaru 360 ou encore la Mazda 360.

Les vitres plates, les poignées de portes, les charnières de portières, les jantes en tôle, les sièges, les phares ronds, l'intérieur simple mais fonctionnel avec peu de cadrans et un tableau de bord de la couleur de la carrosserie. Toujours 4 coloris à choix, vert, bleu, blanc et rouge, reprenant des teintes pastels rappelant les autos des parents. De série, la Pao vient avec un radiocassette d'un style délicieusement rétro. Et comme pour les autres voitures de PIKE Factory, si le look est rétro, le confort est moderne avec la direction assistée et l'air conditionné en série.

Nissan Figaro

Après le succès des deux précédentes, PIKE s'en donne à cœur joie avec la Figaro. Elle est présentée en 1989 au salon de l’automobile de Tokyo dont le thème, cette année, est « Retour vers le Future ».

Nissan annonce la Figaro à la vente pour le 14 février 1991 avec seulement 8000 exemplaires disponibles. La demande est importante et Nissan met en place une loterie pour gagner le privilège de pouvoir en acheter une. Le succès est tel que 12 000 unités supplémentaires sont fabriquées pour le tirage au sort en deux séries successives supplémentaires de 6000 chacune. Son prix en 1991 est de 1 870 000 yens, soit l'équivalent de 31 570 $.

La jolie carrosserie aux courbes féminines simples et fluides doit son design à Naoki Sakai et Shoji Takahashi, ce dernier ayant été récompensé pour cette réalisation. Ici on ne s'inspire plus seulement des premières citadines japonaises, mais une influence avec la production européenne transparaît. Le design intègre des repères clé rappelant intuitivement les voitures des années 60. Les phares ronds avec la calandre ovale qui lui donnent une bouille sympathique, les chapeaux de roues pleins sur des jantes de 12'', les rétroviseurs ronds montés sur des pieds chromés, les rappels de clignotants en forme de larme, le support de plaque arrière chromé, la peinture bi-tons, les poignées de porte…

Quatre coloris pastel sont à disposition, ils portent les noms de pierres précieuses et évoquent les quatre saisons de l’année : le vert émeraude pour le printemps, le bleu aigue-marine pour l’été, le beige topaze pour l’automne et le gris lapis-lazuli pour l’hivers.

On dirait un cabriolet mais en fait les côtés latéraux du toit sont rigides. Le couvert est une toile souple, à la manière de la 2CV, qui s’escamote électriquement en accordéon dans la partie arrière de la carrosserie qui ressemble au coffre. Le vrai coffre est un petit espace accessible par une trappe située plus bas, entre les phares arrière et supportant la plaque d’immatriculation. Plus on la regarde et l’on découvre des détails de finition, plus on a envie d’en posséder une.

A l’intérieur, on est bien loin des ambiances sombres et insipides de voitures modernes. Dans la Figaro, c’est le soleil de Toscane, tout fleure bon avec les souvenirs vintages. Le tableau de bord lisse et simple comprend deux magnifiques compteurs circulaires, des grilles d’aération coupe-frites, les commandes de la climatisation entourées d’une plaque chromée, quatre interrupteurs basculants également chromés et ce volant fin qui semble fait de bakélite blanche avec le bouton du klaxon au centre et de la même teinte que la carrosserie. Même l’autoradio avec lecteur de cassette et CD a un look surgissant du passé. Le levier de vitesse de la boîte semble avoir été réalisé par Hurst pour l’USS Enterprise de Star Treck. Ce n'est pas une vraie 4 places, l'espace réservé à la banquette arrière est très limité.

On serait tenté de chercher la manivelle pour descendre la vitre, mais la modernité a intégré tout ce ravissant package, les vitres sont électriques. L’ambiance rime avec élégance, le confort est assuré par des sièges recouverts de cuir munis d’appuie-tête intégrés et réglables en hauteur.

Son insigne est formé d’une fleur de lys à trois pétales. Ce symbole se retrouve un peu partout dans et autour de la voiture. Volant, switches, poignées… quelqu’un en a compté 21 au total.

Cette adorable petite machine de 374 cm de long reprend la base et le moteur de la Micra. Le bouclier et les ailes avant sont en fibre de verre. Du au fait que le toit en toile couvre toute la partie supérieure de l’auto, le châssis a dû être renforcé et la voiture est plus lourde qu’une Micra standard, 810 kg contre 770 kg. Afin de palier au manque de puissance, un turbocompresseur est monté sur le moteur 4 cylindres en ligne OHC de 1 L (MA10ET) qui gagne en puissance, 76 ch et 106 Nm. La transmission est confiée à une boîte automatique à 3 vitesses. La vitesse maximum est de 170 km/h, en théorie, avec vent dans le dos. La Figaro n’a rien d’une voiture de sport, au niveau du châssis, des suspensions, des freins et de la mécanique, ce sont les organes de la Micra. Elle reste donc un citadine mais avec une émanation particulièrement douce et ludique que l’on ne trouve pas dans une autre automobile.

Plusieurs paramètres font que la Nissan Figaro est une voiture prisée par les collectionneurs. En plus de tous les détails de finition faisant référence à l’aspect néo-rétro du design énumérés plus haut, et qui font tout son charme, le fait qu’elle ait été distribuée au compte-goutte par tirage au sort a immédiatement placé l’auto dans un contexte de forte désirabilité. Son attirance est donc également liée au fait qu’elle ne pouvait pas être achetée chez un concessionnaire comme une autre voiture. Il faut reconnaître aussi que son allure de jouet dégage une un côté positif qui fait tourner les têtes et donne le sourire à ceux qui la voient passer comme à ses occupants. Réservé au marché japonais, les Anglais en ont importés des centaines d’exemplaires, au point qu’un club s’est formé outre-manche, le Figaro Owners Club, qui est actif dans l’organisation d’événements et la maintenance des voitures. Son slogan est « retro, rare et reliable ». Malgré son volant à droite, elle peut être homologuée dans d’autres pays sur la base technique de la Micra.

Il est dit que des célébrités roulent en Figaro, ce qui renforce encore plus l’aura d’exception qui entoure la voiture. Des stars comme Eric Clapton, Amy Winehouse, Joss Stone, Noel Gallagher, Thomas Vermaelen ou la Princesse Eugénie. Difficile de vérifier la véracité de ces rumeurs.

35 ans après sa sortie, la Figaro suscite toujours l’attention des amateurs de voitures comme des passants. Elle garde son sourire et sa joyeuse humeur de façon intemporelle. C’est le signe d’un design réussi, la marque d’une idée juste. A l’instar de l’opéra du Barbier de Séville de Rossini, nous continuerons encore longtemps de chanter « Figaro, Figaro, Figaro » à son entrée en scène.

Nissan S-Cargo

Egalement dévoilé en 1989, le S-Cargo est un jeu de mot entre Small Cargo et Escargot. En effet, ce petit véhicule commercial a une allure d'escargot et est inspiré, parait-il, de la 2CV camionnette. Même le volant à une branche de style Citroën a été copié. Son originalité et sa grande surface latérale en font un support publicitaire idéal. Environ 12'000 exemplaires sont fabriqués et vendus au Japon entre 1989 et 1992.

Son moteur est une version 1,5 litres de 73 ch couplé à une boîte automatique à trois rapports. Les options consistent au toit ouvrant électrique en toile et à des hublots latéraux.

La mode des « retro styled cars » ne fait que commencer, le succès des Nissan PIKE Factory a émulé d'autres marques japonaises à produire des automobiles ayant des aspects néo-rétros. On peut citer la marque Mitsuoka qui s'est spécialisé dans le domaine, et dont la plupart des modèles s'inspirent d'anciennes classiques. La Viewt (1993), les Galue et Nouera (2006) et la Himiko (2008).

Autech, un tuner appartenant à Nissan a sorti la modèle A-10 basé sur la Rasheen en 1996, puis les Rumba, Bolero et Rafeet sur la plateforme de la Micra.

Chez les autres constructeurs, citons la Subaru Vivio Bistro (1995), la Mitsubishi Minica Toppo Town Bee (1997), la Toyota Will (1998), la Daihatsu Mira Gino (1999), la Subaru Impreza Casa Blanca (1999), la Toyota Origin (2000), Suzuki Alto Lapin LC (2002) et la Suzuki LC Concept (2005).

A noter encore que des kits carrosserie permettent de transformer des minis japonaises en quelque chose qui ressemble à une ancienne connue. Par exemple, la Suzuki Alto Lapin peut être déguisée en Renault 4L ou en BMW E30. Un minivan Subaru Sambar est vite travesti en VW Kombi ou le Honda Acty en Chevrolet G. Plus surprenanant, un Suzuki Super Carry évoquant la Jeep Mighty. Finalement, moins réussi, un autre Suzuki Carry avec une geule de Citroën H.