On ne peut parler de l'expérience de Yamaha dans l'automobile sans évoquer son incursion dans le monde de la Formule 1. Alors quittons les années 60 et sautons à pieds joints dans les 80 ! Yamaha, peut-être en voyant le succès de son rival Honda, décide de fabriquer des moteurs destinés à la Formule 1.
L'écurie allemande Zakspeed s'engage au Championnat de Formule 1 de 1989 avec une voiture équipée d'un moteur Yamaha OX88 spécialement développé pour elle. C'est un V8 atmosphérique de 3,5 litres de cylindrée et 5 soupapes par cylindre. Les résultats sont médiocres, la faute est mise sur le manque de puissance du moteur, à peine 600 ch.
Zakspeed se retire mais Yamaha arrive à mettre son moteur dans les Brabham. Des essais sont réalisés en 1990 sur la BT58Y et un contrat de trois ans est signé.
Pour la saison 91, c'est un nouveau moteur OX99, V12 de 660 ch qui est installé dans la Brabham BT59. Le team ne marque que trois points durant la saison. Suite aux problèmes financiers de Brabham, Yamaha tente de racheter le team mais rien ne se concrétise et Yamaha doit trouver un autre châssis.
Ne sachant trop que faire avec son moteur, il vient à Yamaha l'idée de produire une voiture routière dérivée d'une Formule 1, la OX99-11.
En 1992 l'écurie Jordan perd son contrat avec Ford et Yamaha se propose de fournir son moteur gratuitement. Les deux Jordan 192 vivent une saison pitoyable, ne terminant que quatre courses chacune sur les 16 circuits que compte le Championnat. Le moteur Yamaha OX99 manque cruellement de fiabilité, il surchauffe et casse. L'aventure ne peut pas continuer mais Jordan met Yamaha en contact avec John Judd, constructeur réputé de moteur de compétition.
Un contrat est passé avec Judd qui voit là de nouvelles ressources pour développer son moteur V10 élaboré il y a deux ans. Yamaha se réjoui d'avoir trouvé celui qui pourra améliorer ses moteurs et marquer des points en Formule 1.
Le moteur Yamaha OX10A est identique au moteur Judd GV. C'est donc un V10 développant jusqu'à 750 ch à 13'500 t/min. C'est l'écurie Tyrell qui s'y test en 1993 avec la Tyrell 020C puis la 021. Aucun point n'est marqué cette année mais en 1994, Mark Blundell termine 3e en Espagne et se sont 13 malheureux points gagnés en fin de saison.
Pour 1995, la cylindrée est réduite à 3 l. par la FIA. Judd s'adapte et le moteur Yamaha OX10C (Judd HV) continue d'animer les Tyrell. Si les résultats ne sont pas bons (5 points), c'est en partie du aux suspensions hydrauliques qui ne sont pas au point.
Un nouveau moteur est construit pour la saison 96, le Yamaha OX11A (Judd JV) est toujours un V10 développant près de 700 ch. Il est par ailleurs le plus petit et le plus léger moteur de Formule 1 jamais construit. Apparaissant comme un bijou de technologie, les premiers essais sont prometteurs. Les deux premières courses permettent à Mika Salo de finir 6e et 5e. Puis c'est une série de catastrophes, les moteurs cassent les uns après les autres. Des problèmes de fonderie des blocs ne sont pas résolus assez vite par Yamaha. Ce n'est encore que 5 points au Championnat pour Tyrell, de loin pas suffisant pour continuer à servir de cobaye à Yamaha.
Une dernière tentative est menée en 1997 avec le team Arrows racheté l'année précédente par TWR. Le Champion du monde en titre Damon Hill est engagé pour piloter la Arrow-Yamaha A18 au côté de Pedro Diniz. Malgré tout leurs efforts ils n'arrivent qu'à glaner 9 points au total. Les problèmes de fiabilité du moteur sont tels que même avec John Barnard engagé à la rescousse comme directeur technique en mi-saison, aucun résultat significatif ne peut être obtenu.
8 ans de présence en Formule 1 pour Yamaha et aucune victoire. Pour comprendre la motivation de Yamaha, il faut connaitre la philosophie de la maison. En fait la victoire importe peu, ce qui compte est la contribution à l'apport de nouvelles technologies. Yamaha a vu dans la scène de la Formule 1 un fantastique champ d'applications dans ce domaine, et même s'il n'y a aucune récompense, la marque s'est enrichi de nouveaux savoirs. C'est la raison pour laquelle elle a mis à dispositions des écuries des moteurs gratuitement. Malheureusement cette façon de voir les choses n'est guère compatible avec un sport extrême comme la F1. Si une écurie ne fait pas de points, elle n'a plus de sponsors et doit fermer la porte. Il est essentiel de réaliser des performances et de gagner des courses, sinon on ne peux pas revenir l'année suivante. Zakspeed, Jordan, Brabham, Tyrell et Arrow ont cru pouvoir redresser leurs finances en profitant d'une motorisation sans frais, mais en fait ils se sont enfoncés encore plus dans les dettes en perdant leurs sponsors. Ils ont servi Yamaha sur son terrain d'expérimentation mais cela ne pouvait durer plus longtemps.
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Zakspeed-Yamaha 891, 1989 |
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Yamaha OX88 |
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Yamaha OX99 |
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Brabham-Yamaha BT59, 1991 |
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Jordan 192, Yamaha OX99 |
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Tyrell-Yamaha 020C, 1993 |
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Yamaha OX11A |
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Arrow-Yamaha A18, 1997 |
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