Après 12 ans d’absence en monoplace de compétition, Honda décide de revenir dans le jeu en 1980. C’est tout d’abord en F2 que le constructeur japonais vient tâter le terrain, avec comme objectif de reformer un team F1 aussi vite que possible. Et quoi du plus normal que de renouer les contacts avec les anciens amis.
Tout d’abord Jack Brabham dont l’entreprise a été rachetée par Bernie Ecclestone en 1971 et qui s’est associé à John Judd pour fonder Engine Developments. Ils construisent des moteurs haute performance aussi bien pour la compétition F1 que pour l’endurance. Honda leur demande de dessiner un moteur pour la F2 pouvant être dérivé pour la F1 par la suite.
Ensuite Ron Tauranac, l’ex-associé de Brabham spécialiste en châssis qui s’est mis à son compte en créant Ralt Engineering en 1974. Il développe des monoplaces de F2 (RT2), F3 (RT3), Formule Atlantique (RT4) ou encore Formule Super Vee (RT5) et gère sa propre écurie de course. Il est chargé de construire tout ce qui va autour du moteur et de faire courir la voiture.
Afin de répondre au règlement FIA de 1980 Judd fournit le moteur RA260E, un V6 atmosphérique 2 litres DOHC 16 soupapes de 300 ch à 10 500 t/min. Pour la compétition en Championnat la version RA261E développe 310 ch. Ralt modifie le châssis RT2 pour accommoder le moteur Honda. Le tout se nomme Ralt RH6 Honda et pèse 515 kg. Dès 1982 un nouveau châssis à structure en nid d’abeille remplace le précédent et tube d’aluminium.
Il reste à trouver un pilote. Le Britannique Nigel Mansell est engagé pour conduire le prototype durant la saison 1980. Il participe à 4 courses: Silverstone, Zolder, Zandvoort et Hockenheim. Dans cette dernière il termine 2e. Par la suite il se consacrera à sa carrière en F1.
Après cette période probatoire la Ralt RH6 Honda est inscrite au Championnat d’Europe de Formule 2 de 1981 à 1984 où elle assied sa réputation en décrochant 20 victoires. Elle remporte le Championnat en 1981 avec Goeff Lees, en 1983 avec Jonathan Palmer et en 1984 avec Mike Thackwell.
Mais revenons en 1981. Ralt est sur plusieurs fronts à la foi. Les F2 Honda se portent manifestement bien mais il y a aussi le marché florissant des F3 qui occupe beaucoup de ses ressources. Honda semble craindre que Tauranac ne soit pas assez disponible pour le développement de sa future F1 et se met à la recherche de quelqu'un d'autre.
Honda approche John Wickham, directeur de course F2 chez March, un concurrent de Ralt. Le constructeur japonais propose à Wickham de monter une écurie de F2 moyennant finance et fourniture de moteurs avec le but avoué de passer rapidement à la F1, tout cela dans la plus grande discrétion. Wickham ne se fait pas prier et entraîne son collègue Gordon Coppuck, ancien chef designer chez McLaren. Tous les deux ils forment Spirit Racing en août 1981. Ils s’installent dans un ancien garage que Honda utilisait autrefois pour ses motos de Grand Prix, à Slough, en Angleterre. Ils engagent John Baldwin, un autre ancien designer de chez McLaren. Coppuck et Baldwin s’occupent de concevoir un châssis alors que Wickham part chercher ce qui manque au projet, c’est-à-dire sponsors et pilotes. Il revient avec Marlboro et deux pilotes déjà soutenus par le cigarettier, Stefan Johansson et Thierry Boutsen. Bridgestone fourni les pneus.
Durant l'hiver, un châssis Spirit 201 est confectionné pour recevoir le moteur Honda. La voiture est inscrite au Championnat d'Europe de Formule 2 de 1982. Johansson et Boutsen obtiennent de bons résultats, Boutsen gagnant trois courses, Nürburgring, Spa et Pergusa.
En 1983 Honda annonce officiellement son retour en Formule 1 avec l'écurie Spirit Racing. Le moteur gagne deux turbos pour une cylindrée réduite à 1,5 litre et est installé dans un châssis de F2 modifié, mais c'est une autre histoire. En 1984 la formule 2 disparaît en Europe au profit de la Formule 3000 qui débute en 1985 avec des moteurs V8 de 3 litres. Mais le moteur Honda est encore utilisé au Japon.
Le All-Japan F2 Championship existe de 1978 à 1986. Les moteurs BMW M12/7 dominent les courses jusqu’à l’arrivée de Honda en 1981. Dès lors tous les Championnats sont remportés par des March 812 Honda, et March 822 Honda à partir de la mi-saison 1982. Le châssis March est similaire à ses concurrents, fabriqué en tubes d'aluminium, monté du moteur Honda RA261E, il pèse 550 kg. En 1986, Nakajima coure sur une March 86J Honda.
All-Japan F2 Championship winners |
1981 |
Satoru Nakajima |
I & I Racing Developments |
1982 |
Satoru Nakajima |
Team Ikuzawa |
1983 |
Geoff Lees |
Team Ikuzawa |
1984 |
Satoru Nakajima |
Heroes Racing |
1985 |
Satoru Nakajima |
Heroes Racing |
1986 |
Satoru Nakajima |
Heroes Racing |
De plus Nakajima et le Team Ikuzawa participent aussi au Championnat d’Europe de F2 de 1982. Présent à Silverstone, Nakajima décroche une belle deuxième place. Il dispute encore 3 courses : Mugello, Vallelunga et Hockenheim.
|
|
|
châssis Ralt RT2 |
|
Ralt RH6 Honda Nigel Mansell à Silverstone, 1980 |
|
Ralt RH6 Honda 1980 |
|
Ralt RH6 Honda 1981 |
|
Ralt RH6 Honda Mike Thackwell 1984 |
|
Spirit 201 Honda Thierry Boutsen 1982 |
|
Ralt RT2 Honda 420R à Suzuka 1981 Satoru Nakajima, I & I Racing |
|
Satoru Nakajima et la March 812 Honda du Team Ikuzawa 1981 |
|
March 812 Honda à Silverstone 1982 Satoru Nakajima, Team Ikuzawa |
|
March 86J Honda Satoru Nakajima All-Japan F2 Championship 1986 |
|