Au début des années 60 Honda se lance dans un programme de Formule 1 sans avoir la moindre expérience de la compétition automobile. Lorsqu’en 1964 la Formule Junior est recomposée en F2 et F3 avec des moteurs de 1 litre, Honda voit l’opportunité de placer son moteur dans des monoplaces et ainsi acquérir de précieuses connaissances utiles pour ses F1. Si la F3 utilise des moteurs de série, la F2 permet un développement plus poussé en performance.
A cette époque Honda peine avec ses châssis fabriqués maison pour la F1. Trop lourds, pas assez rigides, le manque d’expérience s’en ressent sur les résultats obtenus. L’idée de s’allier à un constructeur de châssis reconnu pour la F2 peut être très profitable pour la marque japonaise.
Honda se procure un châssis Brabham BT16 de F2 en 1964. Le petit moteur de la S800 est installé et Jack Brabham est invité à essayer l'auto fin 1964 et début 1965. Il est impressionné par les performances du bloc dont la puissance est exploitable entre 6000 et 9500 t/min, ce qui représente une plage relativement importante, rendant la voiture aisée à piloter.
Le moteur Honda dérive du S800, le 4 cylindres en ligne est réalésé à 1 litre. Construit entièrement en alliage d'aluminium, sa culasse DOHC a 4 soupapes par cylindre, des culbuteurs en tungstène et des ressorts de soupape à barre de torsion ! Honda développe encore une injection d'essence électronique qui sera également utilisée en F1.
Comparé au Ford Cosworth largement utilisé en F2 à cette époque, le moteur Honda développe une dizaine de chevaux supplémentaires avec 150 ch à 10 000 t/min. Par contre il est un peu plus volumineux et peine à entrer dans le châssis étroit. D’autre part il hurle bien plus fort que n’importe quel autre moteur de F2.
Enthousiasmé, Brabham décide d'équiper les voitures de son écurie de moteurs Honda et un accord est conclu. Ron Tauranac, qui a dessiné le châssis Brabham travaille avec les ingénieurs japonais pour pouvoir assoir le moteur convenablement et y coupler une boîte Hewland 6 vitesses.
L’année 1965 est une étape de développement pour les nouveaux associés. Jack Brabham et Denny Hulme courent principalement sur des Brabham-Ford mais ils testent également les Brabham–Honda sur les circuits pour remonter les améliorations à apporter, notamment le besoin d’augmenter le couple ainsi que la puissance à haut régime. L’étagement de la boîte Hewland doit aussi être corrigé. Honda, qui a délégué deux mécaniciens en Angleterre, prend des leçons quant à la construction d'un châssis et à l'installation du groupe propulseur. Cet enseignement est très profitable à Honda pour son programme de F1.
En septembre, à Albi, Jack prend la pole position sur une Brabham-Honda, réalise le meilleur temps au tour et termine la course deuxième après 85 tours, à moins d’une seconde de Jim Clark et sa Lotus 35 Cosworth. C’est dire le travail effectué par les deux parties.
1966 est l’année du succès puisque Brabham remporte le Championnat du monde F2 constructeur et pilote. Le moteur Ford Cosworth SCA (single cam de type A à 2 soupapes par cylindre) n’est plus invincible. L'auto évolue en permanence, le châssis devenant BT18 puis BT21. A noter que Brabham remporte aussi le Championnat de monde F1 avec ses Brabham-Repco.
Pour 1967 la FIA modifie la cylindrée maximum des moteurs de Formule 2 à 1,6 litre. Honda n’a pas les moyens de se battre sur tous les fronts et se focalise sur la F1.
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Brabham - Honda BT16 1965 |
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Brabham - Honda BT18 1966 |
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Brabham - Honda BT18 1966 Jack Brabham à Pau |
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Brabham - Honda BT21 1966 |
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Brabham - Honda F2 Tokyo Motor Show 1966 |
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