La compétition automobile au Japon débute timidement dans les années 30. Après la seconde guerre mondiale, le SCAP instaure une nouvelle constitution qui place la National Diet à la tête du gouvernement. Celle-ci ratifie les lois, et toute autorisation de construire des véhicules passe par une approbation de la Diète. En mars 1950 est soumise une loi sur les petites voitures de course. Le but est d’encourager des compétitions locales afin de promouvoir le développement des automobiles autochtones dans le but d’exportations futures. Cette démarche devra également aider les autorités locales en organisant des jeux de paris sur les courses, comme cela se fait couramment avec les compétitions de vélos. La loi est approuvée en mai et la première compétition a lieu en octobre à Funabashi.
Chez Toyota, le président Kiichiro Toyoda ne croit pas que le système de paris puisse fonctionner sur les courses automobiles, mais il est partisan de la stratégie favorisant le développement de la technologie automobile par le biais de la compétition. Si des courses de voitures sont organisées pour les constructeurs indigènes, Toyota se doit d’y participer. Il donne son accord pour la réalisation d’une voiture de compétition. C’est la division Toyoda Motor Sales, nouvellement crée, qui gère le projet. Il est prévu qu’elle participe à une course disputée sur le circuit de Funabashi en mai 1951.
A cette époque, la voiture de tourisme produite par Toyota est le modèle SD, principalement utilisée comme taxi. C’est naturellement la base qui va servir au développement d’une auto de course. Il est prévu que six exemplaires soit construits. Dans un premier temps deux châssis sont envoyés dans des ateliers différents qui sont libres de les carrosser à leur guise. La No 1 est fabriquée par Osaka Toyota alors que No 2 est réalisée chez Aichi Toyota. Toute les deux sont façonnées en métal sous la forme de monoplaces. Elles ressemblent à des voitures pour enfant. Si le style est maladroit, on y décèle toutefois l’intention d’y donner un aspect quelque peu futuriste.
Le moteur employé est le Type S, 4 cylindres en ligne de 995 cm3 à refroidissement liquide et soupapes latérales. Il développe 27 ch. Il est placé en position centrale sur le châssis en échelle de la SD, dérivé de celui du camion SB.
En 1950 Toyota traverse une époque difficile. Licenciements, grèves et restructuration imposées par les banques oblige Kiichiro à démissionner. Dès lors le développement stagne, les voitures restent au garage. Lorsque Kiichiro décède en mars 1952, le projet est définitivement abandonné.
On ne revoit plus les autos qui ont probablement été détruites. L’existence même de ces voitures tombe dans l’oubli. En 1957, la première participation officielle d’une Toyota dans une compétition se déroule au Round Australia Rally.
La Toyopet Racer est oubliée pendant 70 ans jusqu’en 2018 avec la parution du livre "Early History of Toyota Motorsports – About Toyopet Racer Centered on the Round Australia Rally". Hideo Matsumoto, ancien employé de TMC et historien automobile, ressuscite un article du magazine All Toyota publié en novembre 1950 où on y voit les deux automobiles.
Naoaki Nunogaki, directeur du Toyota Automobile Museum depuis 2014 a fait ses recherches et, en octobre 2018, il propose à l’actuel président de Toyota, Akio Toyoda, le petit fils de Kiichiro, de faire revivre la Toyopet Racer. A la fin de l'année 2020, le projet de construire une réplique démarre. Keiji Kojima, Directeur Général de la Division Développement Technique & Prototype de Toyota recrute un groupe d'une quinzaine de vétérans et d'employés volontaires. La recréation doit se faire autant que possible avec les mêmes moyens que ceux disponibles dans les années 50. A partir de photographies et de plans de la Toyopet SD, ils refabriquent les divers éléments de l’auto. Le musée Toyota possède une Toyopet SA avec le moteur Type S ainsi qu’un camion SB. Ils servent de modèles.
Le châssis avec les suspensions et les freins sont fabriqués de zéro. Un moteur et sa boîte de vitesses sont retrouvés chez un partenaire de Toyota. Proprement démontés, ils fournissent les éléments à la reconstruction d’un bloc complet. Le moteur tourne en juillet 2021. L'essieu avant, formé d'une barre d'acier rigide, est forgé comme à l'époque.
La carrosserie est recrée en tôle puis la voiture est testée sur le terrain de Fuji. Une vitesse maximum de 100 km/h est atteinte. Elle est exposée au Fuji Motorsports Museum en dès 2022.
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Toyopet Racers 1951 |
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Châssis SD avec moteur central |
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Magazine All Toyota 1950 |
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Toyopet Racer No 2, Aichi Toyota 1951 |
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Livre d'Hideo Matsumoto 2018 |
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Réplique Toyopet Racer 2022 |
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