TOYOTA

Introduction - 1968 - 1968 Fuji 200 - 1969 - 1970

Histoire de l'automobile au Japon

Marques et modèles

1968

La première apparition publique d'une Toyota 7 se fait au Grand Prix du Japon le 3 mai 1968, sur le circuit de Fuji long de 6 km. Depuis sa création en 1963, le GP du Japon est l'événement motorisé annuel le plus important du pays.

Toyota y était en 1966 avec la 2000GT mais la course fut dominée par les Prince R380. Depuis, Nissan a fait évoluer l'auto et la R380A-III développe maintenant 245 ch tirés de son moteur 6 cylindres en ligne de 2 l. Le moteur V8 de la nouvelle R381 n'est pas encore prêt, les trois autos engagées au Grand Prix sont équipées de small bloc V8 Chevrolet de 5.5 litres. La puissance est de 450 ch. Nissan envoie 6 voitures, trois R380 et trois R381.

La Toyota 7, qui porte le nom de code 415S, est alors la première voiture de style Can-Am 100% japonaise. Quatre autos participent à cette épreuve. Les meilleurs pilotes usine sont requis: Shihomi Hosoya, Sachio Fukuzawa, Hiroshi Fushida et Yoshio Otsubo.

Mis à part les deux grands constructeurs, l'ancien pilote et businessman Shintaro Taki engage cinq voitures de sa nouvelle écurie Taki Racing. Une Porsche 906 qui a déjà un long passé de succès, une nouvelle 910 tout droit importée d'Allemagne et trois Lola T70 d'origines variées.

La puissance des Nissan fait la différence. Une R381 remporte la compétition à la fin des 80 tours. Taki Racing réalise une belle performance en plaçant ses Porsche en 2^e et 7^e positions. Les trois Lola abandonnent. Les trois places suivantes sont prises par les Nissan R380A-III, démontrant leur potentiel toujours impressionnant. Alors qu’une des autre R381 abandonne sur un problème d’écrou de roue, la dernière termine 6^e.

Deux Toyota 7 abandonnent pour cause de problèmes mécaniques, les deux autres terminent en 8^e et 9^e place. Ce sont respectivement Yoshio Otsubo (#5) et Hiroshi Fushida (#3) qui sont au volant.

Le 30 juin, c'est la Grande Coupe de Suzuka, Il n'y a que 11 voitures pour cette course de 1 heure.

Les 4 Toyota 7 dominent un plateau où les Nissan sont absentes. Elles arrivent groupées devant deux daihatsu P-5, deux Macransa S800 et une Mitsui Special S800.

Le même weekend se déroule également le All Japan Suzuka Motor Race Tournament Speed ​​Cup destiné aux monoplaces.

Pour la première fois en dehors du GP du Japon, Nissan engage ses R380 en compétition. Les 1000 km de Fuji sont populaires et c'est une quarantaine de voitures qui se retrouvent sur le circuit.

Toyota aligne 3 voitures et c'est l'une d'elles qui s'impose après 167 tours.

Toyota ne cache plus son intention de participer dans un futur proche aux 24 Heures de Mans. Conscient qu’il faudra développer une toute nouvelle voiture, il est indispensable de voir sur place comment ça se passe.

Jiro Kawano, qui est devenu directeur général chez Toyota, est envoyé en France, en mission de reconnaissance lors des 24 Heures de Mans, fin septembre. Il est accompagné par deux ingénieurs de chez Yamaha, Hitoshi Hanakawa, chef du département compétition et Chikara Yasukawa, l’homologue de Kawano. Nous sommes probablement en septembre 1968, après les succès de la 2000GT en compétition et en plein développement de la Toyota New 7.

Ils sont autorisés à visiter la zone de contrôle technique avant course où ils ont tout loisir d’examiner les voitures engagées. Ils peuvent aussi assister aux palpitantes préparation à la course depuis l’intérieur du stand Porsche.

La NET Speed Cup se déroule sur le circuit de Fuji les 19 et 20 octobre 1968. La bataille se déroule entre Toyota, Nissan et Taki-Racing, ce qui a fait dire aux journalistes que la situation est de la TNT. Nissan est présent avec 4 R380-II, il y a 3 Toyota 7 et l’écurie privée de Shintaro Taki a apporté 2 Lola T70 MkIII. Il y a 24 autos au total.

Aux qualifications, Tadashi Sakai obtient le meilleur temps sur une Lola #27. Masahiro Hasemi est second sur l'autre Lola, Hiroshi Fushida est troisième sur la Toyota 7 #24 et Sachio Fukuzawa est quatrième sur la Toyota 7 #23. Yoshio Otsubo est dans la Toyota 7 #25.

Au départ de la course la Lola d’Hasemi ne démarre pas, il perd un demi-tour sur ses concurrents. Encore plus malchanceux, la Porsche 910 de Kenjiro Tanaka refuse de démarrer, l’obligeant à abandonner sur la grille de départ. Sakai caracole en tête, suivi de Fushida. Hasemi revient dans le peloton de tête quand la Lola de Sakai s’arrête avec un problème moteur au 47^e tour. Le duel se déroule maintenant entre Fushida et Hasemi.

L’arrêt au stands pour ravitailler porte encore malchance à Hasemi qui prend trois minute de plus que pour Fushida. Fukusawa est passé en deuxième position. La course touche à sa fin et un doublé Toyota se précise, mais Fushida doit passer par son stand pour un problème mécanique. Il repart en 5^e position, à trois tours de la fin. Hasemi arrive à passer Fukuzawa juste une minute avant de remporter la victoire. Il faut mentionner l’admirable performance de Fukuzawa.

La Toyota 7 évolue vite, la carrosserie se modifie à chaque course. Toujours plus aérodynamique et plus légère, des prises d'air et des moustaches sont ajoutées, un aileron fait également une brève apparition.

Fuji 200

La Fuji 200, première véritable course Can-Am de l'archipel, se déroule le 23 novembre 1968, c'est la dernière grande compétition de la saison et elle est organisée par le Nippon Auto Club (NAC). Le circuit de Fuji est long de 4.291 km, les 200 miles correspondent à 75 tours de circuit.

C'est plus une course de démonstration qu'autre chose, mais les teams étrangers sont invités à se confronter aux écuries locales. Shelby, Penske, Autodynamics, Bonnier et d’autres font le déplacement. Parmi la dizaine de pilotes occidentaux présents, se trouvent Peter Revson, Sam Posey, Mark Donohue, Chuck Parsons, John Cannon et Jerry Titus qui viennent se mesurer aux Japonais. Au total il y a 5 McLaren et 8 Lola.

La saison est déjà terminée en Amérique, Denny Hulme a été sacré champion devant Bruce McLaren et Mark Donohue. Ils courent tous sur des McLaren. Les pilotes invités n’ont donc rien à prouver et s’ils sont venu au Japon, c’est plus par divertissement et exotisme.

Les McLaren et Lola sont des monstres équipés de moteurs Chevrolet ou Ford de 7 l. développant 600 ch. Du côté nippon, le haut du panier est la Toyota 7 (415S) avec son V8 de 3 l et 330 ch. Nissan ne participe pas, préférant se concentrer sur le GP du Japon. Autant dire que le rapport de force est totalement inégal mais le but est de voir à quoi il faut se mesurer pour les années à venir. Comptant plus sur le nombre que la performance, Toyota aligne 5 voitures.

Les essais ont lieu le 22 novembre. Dû au fait des nombreuses voitures ayant la volant à gauche, la course se déroule dans le sens contraire normal du circuit, c’est-à-dire dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Mark Donohue réalise le meilleur temps sur la McLaren M6B Chevrolet bleue sponsorisée par Sunoco, de l'écurie Roger Penske. Sans surprise, il bat le record du tour de plus de 5 secondes. Peter Revson obtient le deuxième temps sur la McLaren M6B à moteur Ford préparé par Shelby Racing. Une troisième McLaren M6B pilotée par Jerry Titus se place troisième, puis viennent les trois Lola de Chuck Parsons, Sam Posey et George Follmer. En 7^e position il y a encore une McLaren M6B de l'écurie suisse Bonnier pilotée par son propriétaire. Sur les 22 voitures inscrites, 19 se qualifient.

Toyota est l'unique constructeur japonais présent, les 5 voitures engagées se classent en 12^e, 13^e, 14^e, 17^e et 18^e places. Hiroshi Fushida est le plus rapide des 5 sur la #31, il est à 10 secondes de Donohue. A quelques dixièmes de secondes derrière lui, viennent Sachio Fukuzawa (#32) et Yoshio Otsubo (#33). Minoru Kawai (#35) et Shihomi Hosoya (#34) sont au fond de la grille de départ. Les numéros 32 et 33 ont encore la silhouette qui est apparue cette année mais les ailes ont été élargies pour recouvrir des pneus plus gros.

On peut noter encore que Taki Racing engage 2 Lola T70 MkIII Chevrolet à carrosserie fermée, elles obtiennent les 10^e et 11^e meilleurs temps. George Katsu, de son vrai nom Katsuomi Shiozawa, arrive tout juste à se qualifier avec sa barquette DEL RSC à moteur Ford et châssis Lola. Il est à 28 secondes du premier et à 16 secondes de la Toyota 7 qui le précède.

Le départ est donné le samedi 23 novembre à 13:30. Il fait beau et presque 40 000 spectateurs sont venu voir la course la plus attendue de l'année. Rapidement un peloton de tête se forme. Au premier passage devant les stands les McLaren et les Lola de Donahue, Revson, Posey, Parsons, Follmer, Unser, Titus, Bonnier, Rodriguez et Cannon forment la tête de la course. Un deuxième groupe est mené par Hasemi suivi des pilotes Toyota. Katsu et sa DELL RSC a déjà pris un demi tour de retard. Il ne termine pas le 3^e tour, sa transmission est cassée.

Takahashi abandonne au 3^e tour et Rodriguez au tour suivant, tous deux pour surchauffe. Pendant que Donahue et Revson se disputent la première place, ils doublent les Toyota dans le 8^e tour. Les abandons se succèdent, Unser, Titus, Follmer.

A mi-course, Hasemi est 7^e, à 3 tours des premiers. Les Toyota sont à 5 tours de retard. Parsons, qui est alors en 3^e place, casse sa suspension. Cannon est victime d'une rupture d'une durite de frein et sort de la piste. Hasemi s'arrête au stand pour remplacer ses pneus, la voiture cale et peine à repartir, il passe de la 6^e à la 12^e place.

Passé les 3/4 de la course, Donahue et Revson caracolent en tête lorsque Donahue doit s'arrêter pour faire le plein d'essence. Au moment de rejoindre la piste la voiture prend feu, Donahue s'arrête et s'éjecte de l'auto. La course est terminée pour lui à 8 tours de la fin.

Dès lors, Revson est hors d'atteinte et lâche le pied pour franchir la ligne d'arrivée en vainqueur. Posey est 4 tours derrière lui, suivi de Bonnier et de trois Toyota.

L'exploit du constructeur Toyota est remarquable, non seulement les 5 voitures engagées terminent la course mais, malgré leur handicap notable de puissance elles ne sont pas les dernières. Cette course a été un grand succès, permettant aux Japonais de voir pour la première fois des voitures extrêmement rapides sur un circuit. Elle va avoir un impact décisif pour les constructeurs japonais qui vont préparer des autos plus compétitives. Le rendez-vous est pris pour l’année suivante.