Eclatement de la bulle et la décennie perdue
Avec le recul, on se rend bien compte que la situation était extraordinaire et artificielle. Cette ascension fulgurante n'était qu'une bulle qui devait éclater tôt ou tard. Et la bulle se dégonfle en décembre 1989 lorsque le président de la banque du Japon annonce la remontée des taux d'intérêts. Le marché à la bourse de Tokyo s'effondre au début de 1990 et le Nikkei redescend de sa cote record à un niveau normal en deux ans. C'est la fin de l'Eldorado et les privés comme les entreprises doivent revoir leur comportement et repenser leur stratégie d'investissement.
Le dégonflement de la Bulle spéculative japonaise est considéré comme la crise financière « la plus profonde du monde contemporain » et celle qui a eu « l'effet récessif le plus marqué »: Durant 10 ans, l'économie tourne au ralenti, période appelée la « décennie perdue ». Le Japon cumule ensuite récession et dette publique record. Les années 90 sont marquées par la crise sociale, économique et politique. Une forte hausse du chômage et l'apparition de sans-abris dans les rues des villes sont des conséquences du climat économique que traverse le pays. En 22 ans, l'indice Nikkei 225 perd les trois quarts de sa valeur.
Cette crise financière est fatale pour certaines compagnies. Pour l'industrie automobile qui a largement profité de la situation, le déclin est dur. Les ventes diminuent drastiquement durant les trois années qui suivent, chose jamais vue auparavant au Japon. Le rapide retournement de situation laisse les constructeurs avec des méthodes de ventes inadaptées et une stratégie de développement à revoir. Il est plus difficile de s'adapter à une condition de péjoration qu'à une situation de croissance. Il faut diminuer ses prétentions et arriver à proposer des produits plus modestes correspondant aux nouvelles attentes des acheteurs. La multiplicité des modèles proposés dernièrement a augmenté le nombre et la variété des pièces détachées. Il en résulte une augmentation des coûts fixes et une chute de rentabilité du secteur. Il faut diminuer le choix des variantes et faire durer plus longtemps les modèles.
Le début des années 90 est difficile pour les constructeurs qui enregistrent des déficits sans précédent. Les recettes de 1992 sont plus de deux fois moins élevées que l'année précédente, même 63 % de moins pour Toyota. Les équipements achetés les années précédentes sont sous-utilisés, générant de moindres profits. La rentabilité plus faible augmente le prix de production.
Les investissements effectués sur du long terme, comme pour des machines-outils ou des usines entières sont plombés par la hausse des taux bancaires.
Suivant la dégringolade locale, les investissements à l'étranger subissent des coupes budgétaires importantes. L'investissement annuel est divisé par trois pour être plus faible en 1992 que 10 ans auparavant. En conséquence, une vingtaine d'équipementiers installés en Europe se retirent. La déroute profite, dans une moindre mesure, aux constructeurs européens qui reprennent des parts de marché. Nissan ne sortira de la crise que par le rachat de la moitié de son actif par Renault à la fin des années 90.
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Evolution de l'indice boursier NIKKEY 225
de 1970 à 2007
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